La situation est alarmante : plus de 80% des logements des français risquent de se transformer en “bouilloires thermiques” sous l’effet de la hausse annoncée des températures.
Depuis les années 1990, la température annuelle moyenne en France a déjà progressé de +1,7 °C, et Météo France anticipe +2,7 °C d’ici 2050[1].
Les départements les plus exposés – Vaucluse, Gard et Lot – verraient même leur nombre de journées très chaudes multiplié par deux, atteignant ainsi 12 jours en moyenne d’ici 2050, selon les prévisions de Météo France Climadiag.
Or le parc résidentiel demeure très mal armé : près de 80% des DPE renseignant l’indicateur « confort d’été » sont classés en « insuffisant » ou « moyen » ; et plus d’un logement sur 3 affichent un niveau insuffisant[2].
Dans les territoires les plus menacés par la chaleur à l’horizon 2050, trois logements sur quatre présentent déjà un indicateur « insuffisant » ou « moyen », ce qui place leurs occupants en première ligne de la précarité énergétique estivale[3].


Classement des départements selon leur indice de risque par département calculé par Hello Watt et correspondant à : proportion actuelle de logements à confort d’été « moyen » ou « insuffisant » dans le DPE × nombre de journées très chaudes projetées en 2050
Sources : Calcul Hello Watt sur la base des données DPE ADEME (juillet 2021 à octobre 2024) et données prévisionnelles 2050 climadiag Météo France pour 32.000 communes en France.
Un indicateur de confort d’été encore insuffisant pour mesurer un risque majeur
A ce jour, le confort d’été reste un indicateur marginal dans l’évaluation énergétique des logements. S’il est bien mentionné, il n’est pas intégré dans le calcul de la note et reste une simple indication. Ce manque de considération conduit à le négliger dans les décisions de vente, de location ou de rénovation.
Sa fiabilité est, en outre, très contestée : les algorithmes sont incomplets, certains logements ne sont pas évalués et la méthodologie néglige des paramètres essentiels, comme la localisation ou l’inertie thermique. D’après l’étude Pouget Consultants-Ignes (juillet 2024), une révision de l’indicateur ferait basculer 90% du parc en « insuffisant » ou « moyen ».
Cette lacune est d’autant plus problématique que certains logements, pourtant bien classés au DPE sur le plan hivernal, offrent un confort d’été médiocre. Des bâtiments très performants en isolation thermique peuvent ainsi se transformer en véritables “bouilloires thermiques” en été.
Le confort d’été doit devenir un pilier du diagnostic énergétique. Hello Watt formule plusieurs recommandations à l’attention des particuliers, mais aussi des pouvoirs publics.
Pour les particuliers, 3 leviers concrets :
- Isoler murs et toits avec des matériaux biosourcés à fort déphasage thermique - c’est-à-dire capables de retarder la pénétration de la chaleur dans la paroi . Ces travaux, correctement réalisés, demeurent la solution la plus efficace. Un matériau inadapté peut, en plein été, transformer un logement en fournaise et s’avérer plus préjudiciable que l’absence d’isolation. Pour l’isolation des murs, Hello Watt recommande la laine de bois, un matériau biosourcé qui retarde l’entrée de la chaleur d’environ huit heures, soit deux fois plus que le polystyrène expansé. Pour le toit, nous préconisons une isolation en Nita-Cotton offrant une durée de déphasage de 5 heures.
- Installer des occultations extérieures sur les fenêtres. Une fenêtre équipée de volets réduit les apports solaires de 85% . C’est la technique la plus simple, la moins énergivore et la moins chère pour abaisser de 2 à 5 °C la température intérieure. C’est pourquoi Hello Watt intègre systématiquement des volets à nos offres de remplacement de menuiseries.
- Recourir à un système de climatisation réversible pour rafraîchir le logement en été, et le chauffer en hiver ; les pompes à chaleur air-air, également installées par Hello Watt, sont très indiquées pour cet usage. Leur fonctionnement est simple : elle capte les calories extérieures et les restitue via les unités intérieures sous forme de chaleur ou fraicheur, assurant confort et sobriété.

Auprès des pouvoirs publiques, Hello Watt recommande plusieurs évolutions des dispositifs existants :
- inscrire les occultations et les revêtements réfléchissants dans MaPrimeRénov’ ;
- augmenter le soutien aux isolants à fort déphasage ;
- réformer le DPE : rendre l’indicateur de confort d’été plus fiable, l’intégrer à la note globale en faire un critère d’information obligatoire.
Pour Pierre-François Morin, Directeur de l’activité rénovation énergétique d’Hello Watt : « Un logement peut afficher un B au DPE et pourtant devenir invivable en été. Cela crée une vraie incompréhension chez les particuliers, qui finissent par ne plus faire confiance à l’outil. Il est urgent de rendre le DPE plus lisible, plus fiable, et surtout plus cohérent avec les enjeux climatiques actuels. Mais au-delà du constat, il existe déjà des solutions concrètes pour améliorer le confort d’été : isoler sa toiture, installer des volets adaptés, renforcer l’inertie des murs ou encore opter pour une pompe à chaleur réversible. Ce sont des leviers simples, efficaces, que nous proposons au quotidien chez Hello Watt. Le confort d’été ne doit plus être un critère secondaire dans la rénovation énergétique. »
Alors que le ministère du Logement s’apprête à publier de premières propositions cet été pour faire évoluer le DPE, Hello Watt plaide pour une réforme ambitieuse, fondée sur des données précises, une réelle prise en compte des spécificités régionales, et un accompagnement renforcé des ménages.
Adapter les logements aux chaleurs extrêmes ne relève plus d’un simple enjeu de confort, mais d’une urgence de santé publique et d’un impératif énergétique.
[1] Données Metéo France - Climadiag projection 2050 pour 32.000 communes de France.
[2] Etude Pouget Consultants-Ignes, parue en juillet 2024.
[3] Données DPE ADEME, juillet 2021 - octobre 2024.
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